Style des années 1910 : caractéristiques et évolution de la mode historique
Statistiquement, moins de 5% des femmes portent encore un corset rigide en 1911. Les courbes s’assouplissent, les tissus respirent. Les couturiers parisiens redessinent la silhouette : plus de cage, l’allure gagne en fluidité, la mode s’ouvre à l’influence de l’Orient, bousculant des siècles de codes européens. Si le costume masculin trois-pièces gagne la bourgeoisie, loin des extravagances passées, la laine et la soie restent les piliers discrets des penderies, tandis que les premiers tissus synthétiques pointent à l’horizon.
Plan de l'article
Trois siècles de mode : comment les styles vestimentaires ont évolué de 1715 à 1914
Au XVIIIe siècle, la robe à la française règne sans partage, portée avec d’imposants paniers qui dessinent des silhouettes théâtrales. À la cour, la taille se comprime, le corset rigidifie le buste et impose une prestance certaine. Les hommes, eux, arborent successivement justaucorps, pourpoint, puis redingote, des pièces taillées dans des tissus fastueux aux lignes précises. Un théâtre de l’apparat, codé dans les étoffes et les coupes.
Quand le XIXe siècle s’invite, il fait voler en éclats ces carcans : la robe Empire surgit avec sa ligne haute, donnant une liberté nouvelle au corps. Suivent les exubérantes crinolines et manches gigot qui structurent, déploient, puis rétractent la féminité selon les décennies. La robe corsage devient un pivot du vestiaire féminin, adaptable à la mode du moment. Chez les messieurs, place à des costumes plus sobres où la coupe, le drap et le raffinement des détails font la différence.
À l’aube du XXe siècle, s’impose la silhouette en S : la cambrure accentuée, la poitrine projetée, et la jupe frôlant la cheville. La créativité parisienne irrigue toute l’Europe. Perles, broderies et dentelles s’installent sur les robes jupes. Juste avant la guerre, l’esthétique s’épure, la ligne se tend, et prépare l’entrée fracassante de la mode moderne, celle qui donne aux femmes la liberté d’envisager autrement leur allure.
Quels événements historiques ont façonné la silhouette et les tendances de chaque époque ?
Lorsque la Révolution française renverse la monarchie, la mode historique abandonne ses excès. Exit le faste trop voyant : la robe se fait modeste, adaptée à de nouveaux idéaux citoyens. La robe Empire, taille sous la poitrine, illustre ce virage, loin des carrosses d’ostentation et des corsets tirés à l’extrême.
La poussée industrielle marque ensuite tout le XIXe siècle. Grâce à la machine à coudre, l’habillement se démocratise : le prêt-à-porter s’immisce dans les vies, la mode féminine et la mode masculine séduisent largement la bourgeoisie. L’aristocratie ne dicte plus seule ses codes, la nouveauté circule vite. Les épaules se déploient avec les manches gigot, les robes gonflent avec la crinoline, les corsages évoluent à chaque époque, chaque détail trahit l’élan de modernité qui gagne la société.
Paris prend véritablement le pouvoir sous la Belle Époque avec une scène de haute couture en pleine effervescence. Les tendances se propagent partout. Puis, la Première Guerre mondiale bouleverse les priorités. Les femmes s’activent, vont travailler, la silhouette se simplifie : la robe raccourcit, la taille se relâche. Le corset disparaît peu à peu des corps et des esprits. Entre 1910 et 1920, la ligne tubulaire et le style “garçonne” percent, menés par l’audace de talents comme Paul Poiret et Madeleine Vionnet. La mode épouse alors le souffle nouveau de l’émancipation et du bouleversement social.
Des robes à paniers aux tailleurs élégants : repères, matières et influences majeures de la mode 1910
La robe à panier du XVIIIe siècle, exubérante et flamboyante, cède peu à peu la place à des silhouettes plus sobres. Sous la Belle Époque, la ligne en S domine encore : corset étroit, poitrine avancée, jupes longues. Mais, dès 1910, tout bascule. La taille s’atténue, la silhouette droite se dessine et annonce déjà la mode tubulaire des années futures : moins de contraintes, davantage d’élan.
Le choix des matières devient un marqueur d’époque. Les tissus épais s’effacent devant la soie, la mousseline, le tulle ou le drap de laine. Ces étoffes plus souples, aériennes ou chaudes selon les saisons, offrent de nouvelles façons de s’habiller. Les robes d’après-midi ou de soirée se couvrent alors de broderies, perles et motifs floraux. Quant à la robe à transformation, elle accompagne l’appétit de modernité : une seule tenue évolue d’un rendez-vous à l’autre, plus pratique, résolument tournée vers l’avenir.
Autre avancée décisive : le tailleur élégant s’impose pour les femmes actives. Emprunté à l’univers masculin mais ajusté pour mettre en valeur les formes, il conjugue veste et jupe droite. Ce nouvel uniforme s’accorde à une vie plus mobile, prête à relever les défis quotidiens. Les manches raccourcissent, les superpositions s’effacent au profit de lignes nettes. À Paris, l’expérimentation bat son plein : Mariano Fortuny lance ses robes plissées iconiques, et à travers l’Europe, la création ne cesse de s’inventer.
Pour mieux distinguer les tendances marquantes autour de 1910, voici quelques points-clés :
- Les robes de soirée deviennent légères, dévoilant parfois la cheville pour libérer le pas.
- Le tailleur s’impose le jour, se révélant pratique et raffiné.
- La silhouette se simplifie nettement, reflet des mutations sociales et esthétiques du temps.
Au fond, chaque décennie de la mode historique met sur le devant de la scène plus qu’une évolution textile : c’est toute une société qui avance d’un pas, se réinvente, et laisse son empreinte sur la coupe d’une robe ou la ligne épurée d’un tailleur. À travers ces habits, une époque regarde vers demain.
