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Impact des TIC sur la croissance économique

60 % de la population mondiale connectée à Internet en 2022, contre 8 % vingt ans plus tôt : les chiffres de la Banque mondiale claquent comme un rappel à l’ordre. Pourtant, la montée en puissance des technologies de l’information et de la communication n’a pas uniformément transformé la croissance mondiale. Les écarts persistent, parfois se creusent, et les promesses du numérique ne se matérialisent pas pour tous de la même façon.

Dans certains pays, la productivité grimpe mais les inégalités font de la résistance. D’autres voient la technologie s’installer sans pour autant booster l’emploi ou améliorer franchement le niveau de vie. On observe des trajectoires économiques qui s’écartent, alors même que l’adoption des TIC s’étend à grande vitesse.

Les technologies de l’information et de la communication, moteur de la productivité et de la croissance économique

La diffusion des TIC ne se limite pas à une vague passagère. Selon l’OCDE, l’impact des technologies de l’information et de la communication sur la croissance économique s’inscrit dans la durée, bousculant l’organisation des chaînes de valeur et le fonctionnement des entreprises à grande échelle. Des sièges sociaux parisiens aux usines de Tokyo, les investissements dans le numérique redessinent les contours de la productivité, de l’innovation et de la gestion des ressources. Cette transformation touche aussi bien la finance que l’industrie ou les services, où l’efficacité s’envole et les coûts s’allègent grâce à la généralisation des outils numériques.

Le secteur producteur de TIC occupe une place stratégique. Logiciels, matériels, services numériques : ces industries affichent des croissances record. Dans plusieurs économies de l’OCDE, la part des TIC dans la croissance du PIB a atteint plus de 0,3 point de pourcentage chaque année tout au long des années 2010. Ce n’est pas anecdotique.

Voici comment les TIC agissent concrètement sur l’économie :

  • Automatisation des processus : les outils numériques raccourcissent les délais de production et rehaussent la qualité finale.
  • Réduction des coûts de transaction : les échanges entre fournisseurs, entreprises et clients deviennent plus fluides, plus rapides.
  • Effets d’entraînement : la généralisation des TIC stimule l’investissement, fait émerger des emplois qualifiés et crée de la valeur sur l’ensemble de la chaîne économique.

Mais la réalité varie. La contribution des TIC à la croissance dépend du contexte local : niveau de développement, capacité d’investissement, dynamique d’adoption par les entreprises. La France, par exemple, se situe à mi-chemin : le secteur des services TIC y est rapide et inventif, mais le coût du capital et les disparités territoriales freinent parfois la diffusion des innovations.

Quels effets sur les inégalités et l’accès aux opportunités pour les différentes populations ?

L’essor des TIC ne se contente pas de transformer l’économie : il redessine aussi les lignes de fracture sociale. L’accès aux technologies de l’information et de la communication dessine de nouvelles frontières, tantôt floues, tantôt infranchissables, entre individus, territoires et milieux sociaux. La fracture numérique va bien au-delà de l’absence de connexion ; elle cristallise des écarts d’accès à la formation, à l’emploi, aux informations vitales. En France, l’Insee chiffrait à plus de 15 % la part des ménages sans Internet fixe en 2022. Dans de nombreux pays en développement, c’est plus d’une personne sur deux qui reste coupée du réseau mondial.

Les opportunités du numérique, quant à elles, se concentrent dans les grandes villes, les centres d’innovation, les secteurs déjà connectés. Les zones rurales et les quartiers à l’écart restent à la traîne, faute d’infrastructures, d’équipements ou de formation suffisante. Les écarts Nord-Sud s’accrochent : dans les pays de l’OCDE, l’accès à Internet haut débit dépasse 85 %, alors qu’il reste sous la barre des 30 % dans une large partie de l’Afrique subsaharienne.

Les TIC modifient la donne au quotidien, avec des conséquences tangibles :

  • Services TIC : la diffusion des outils numériques facilite l’accès à l’information, à la santé, à l’éducation, mais elle peut aussi aggraver l’exclusion pour les laissés-pour-compte.
  • Utilisation TIC : quand la formation suit, l’usage du numérique devient un tremplin social ; sinon, il peut renforcer de nouvelles fragilités face à la complexité croissante des technologies.

Au final, le déploiement des technologies peut aussi bien corriger les inégalités que les creuser, selon les politiques publiques mises en place. Miser sur l’infrastructure, ouvrir l’accès à la formation numérique, garantir à tous un minimum d’outils : ces choix stratégiques pèsent lourd sur la capacité des populations à tirer profit de la transformation numérique.

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Entre innovation, transformation du marché du travail et nouveaux défis pour l’économie

L’essor des technologies de l’information et de la communication stimule l’innovation, chamboule les modèles économiques traditionnels, recompose le paysage productif. Les entreprises réinventent leurs métiers, investissent dans les services TIC, et cherchent des profils capables de mêler expertise technique et créativité. À Paris, Londres ou Berlin, les quartiers numériques s’imposent comme de véritables moteurs de croissance économique et de mutation du tissu économique.

Le marché du travail encaisse la secousse. Des métiers naissent, d’autres disparaissent. La robotisation et l’automatisation, appuyées par les TIC, réduisent la demande de certaines tâches répétitives, tout en faisant grimper les besoins en capital humain formé et adaptable. Les chiffres de l’OCDE parlent d’eux-mêmes : dans les pays avancés, plus de 60 % des nouveaux emplois créés entre 2015 et 2020 se rattachent, directement ou indirectement, aux secteurs des TIC.

Trois tendances se dégagent nettement :

  • Innovation : elle dope la compétitivité des entreprises et sert de levier de différenciation sur la scène mondiale.
  • Transformation : les chaînes de valeur se recomposent, l’économie des plateformes prend de l’ampleur.
  • Nouveaux défis : il faut repenser la formation, sécuriser les données et anticiper les répercussions sur l’emploi comme sur la cohésion sociale.

La mutation ne s’arrête pas. Miser sur la formation continue, adapter les politiques publiques, soutenir la recherche et l’innovation : autant de leviers pour accompagner ce mouvement, éviter que le fossé ne se creuse, et faire en sorte que le numérique profite au plus grand nombre. Car le jeu se joue maintenant, et ceux qui restent à quai risquent de voir passer le train de la croissance numérique sans jamais pouvoir y monter.